Tout au long de ces dernières années, de nombreuses études et recherches scientifiques ont été menées afin d’en apprendre davantage sur le potentiel impact du cannabidiol, ou CBD, sur l’organisme humain. Cette substance, issue de la plante de chanvre, semble avoir une influence positive sur le cerveau humain, et permettrait ainsi de faire face à plusieurs maux du quotidien, comme par exemple les insomnies, ou encore les douleurs liées à l’endométriose. Autre exemple, le CBD permettrait d’augmenter la concentration. Qu’en est-il de ce dernier point ? Nous allons l’étudier dans cet article.

Le manque de concentration et le CBD : entre télétravail et préjugés

De nos jours, de nombreuses sources de distraction existent. Une notification liée à un réseau social, la sortie d’une nouvelle série, un simple bruit urbain, autant de causes pouvant mettre à mal notre concentration. Cette dernière est essentielle lors de la réalisation d’une tâche, qu’elle soit physique ou intellectuelle. C’est d’autant plus le cas depuis un peu plus d’un an : à cause de la pandémie mondiale liée au coronavirus, de nombreuses personnes (salarié.e.s comme étudiant.e.s) sont passées au télétravail.

Cependant, un manque de concentration ne se manifeste pas uniquement à cause de faits quotidiens. En effet, plusieurs facteurs psychiques peuvent amener à des difficultés à se concentrer : le stress, l’anxiété, certains troubles cognitifs, ou encore le manque de sommeil.

En effet, ces derniers facteurs sont bien plus impactants sur notre concentration, que peut l’être une alerte technologique. Prenons l’exemple concret du manque de sommeil (ou de l’insomnie) et son impact sur les capacités cognitives, fait étudié en 2007 par deux chercheuses finlandaises (Paivi Polo-Kantola et Paula Alhola).

Elles ont observé le fait que l'éveil prolongé peut être dû à une privation totale de sommeil aiguë ou à une restriction partielle de sommeil chronique. Bien que cette dernière soit plus courante dans la vie quotidienne, les effets de la privation totale de sommeil ont été examinés de manière plus approfondie.

La privation totale de sommeil et la privation partielle de sommeil entraînent toutes deux des changements négatifs dans les performances cognitives, et notamment sur la capacité à se concentrer. L'attention et la mémoire de travail sont altérées, et c’est aussi le cas d’autres facteurs cognitifs, comme la mémoire à long terme et la prise de décision.

Ainsi, que ce soit via des outils technologiques, ou à cause d’une mauvaise régulation de notre organisme (liée à un quotidien stressant par exemple), l’on peut fréquemment éprouver des difficultés à se concentrer lors de la réalisation d’une action. Le cannabidiol, ou CBD, pourrait permettre d’atténuer ces impacts négatifs, et donc d’améliorer sa concentration... au contraire de ce que l’on pourrait croire de prime abord.

Le CBD n’est pas le tétrahydrocannabinol, ou THC. Leurs effets sont complètement différents. Les conséquences d’une dose de chaque substance sont elles aussi totalement dissemblables. Or, l’on a encore trop tendance à assimiler les produits issus du CBD à ceux issus du THC.

En effet, le CBD a pu faire l’objet de nombreuses controverses. En France par exemple, quelques années avant le récent lancement de l’expérimentation du cannabis médical, les revendeurs de produits issus du CBD étaient persona non grata et pouvaient être amenés à livrer des combats judiciaires pour gagner en légitimité (cf l’affaire de Kanavape et la législation du CBD). Ceci s’explique par le fait que le CBD soit, au même titre que le THC, issu de la plante de chanvre. Cette dernière contient de nombreux cannabinoïdes, mais les effets du seul THC sont prépondérants dans la pensée commune : substance psychotrope, augmentant l’envie de dormir, l’incapacité à se concentrer, peu propice à l’action et au travail.

C’est pourquoi de nombreux consommateurs craignent de consommer un produit issu du CBD, comme les fleurs de CBD ou les huiles de CBD, car ils pensent qu’ils ressentiront les mêmes effets négatifs provoqués par le THC.

Or, en 2018, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a tranché sur sa position vis-à-vis du CBD et des produits commercialisés. La conclusion est la suivante : « le CBD ne présente aucun effet qui pourrait potentiellement pousser à la dépendance ou à l’addiction. A ce jour, il n’y a aucune preuve attestant d’une consommation récréative du CBD ou de quelconque problèmes de santé liés à la consommation de CBD sous sa forme pure ». Le rapport de l’OMS va même plus loin : il indique que les effets du CBD atténuent ceux du THC (et d’autres addictions), et que le CBD s’est avéré “un traitement efficace contre l’épilepsie” et qu’il nourrit de nombreux espoirs pour la recherche des traitements de plusieurs maladies graves, comme celle d’Alzheimer ou de Parkinson.

En somme, au contraire du THC, le CBD présente de nombreux potentiels bienfaits. Certains, comme son efficacité pour combattre l’épilepsie, sont d’ores et déjà prouvés. D’autres, comme son action efficace pour améliorer la concentration, sont en bonne voie de vérification.

Le manque de concentration et le CBD : entre recherches et promesses médicales

Le CBD représente une nouvelle piste à explorer pour les chercheurs et chercheuses médico-scientifiques dans le cadre du traitement de plusieurs maladies (comme l’épilepsie, d’Alzheimer, ou de Parkinson), de désordres psychiques du quotidien (comme les insomnies), ou encore certaines douleurs éprouvées régulièrement (l’endométriose pour les femmes par exemple, ou diverses blessures musculaires pour les sportives et sportifs).

Il n’existe pas encore d’étude portant sur l’effet du CBD sur la concentration à proprement parler. Toutefois, le manque de concentration peut directement être lié à plusieurs facteurs d’ordre psychique ou neurologique, comme le manque de sommeil, l’anxiété, le stress ou certaines maladies plus graves. De nombreuses études traitent de ces sujets, et c’est ce que nous allons explorer afin de penser que le CBD pourrait effectivement avoir un impact indirect positif sur notre capacité à se concentrer.

En premier lieu, observons une étude réalisée par l’Université de Sao Paulo, et menée par l’équipe du département Neuroscience (équipe composée de Marcos Chagas, José Crippa, et Antonio Zuardi).

L'objectif de leur recherche est d'évaluer les effets d’une prise systémique de CBD sur le sommeil.

Pour réaliser leur étude, ils ont utilisé des rats mâles adultes qui ont été répartis au hasard en quatre groupes. Les rats ont reçu des injections de CBD, de divers dosages : 2,5 mg/kg, 10 mg/kg, et enfin 40 mg/kg. Des enregistrements du sommeil ont été effectués pendant les périodes de lumière et d'obscurité durant quatre jours : deux jours d'enregistrement de base, un jour d'administration du médicament (test) et un jour après l’injection du CBD (post-test). Le résultat de cette étude a permis de montrer que l'administration systémique de CBD semble augmenter la durée totale du sommeil et la qualité du sommeil (plus régulier).

Ainsi, en améliorant sa durée de sommeil et la qualité de celui-ci, par exemple en buvant une tisane de CBD avant de se coucher, l’on pourrait réussir à mieux dormir, et être plus énergique et disposé à la concentration le lendemain.

En second lieu, passons à une étude effectuée à l’Université de Foggia en Italie, et menée par l’équipe du département de Médecine et composée notamment de Tommasso Cassano, Rosanna Villani, ou encore Lorenzo Pace.

Cette recherche est partie du constat selon lequel le CBD est le phytocannabinoïde non psychoactif le plus abondant et peut représenter un prototype pour le développement de médicaments anti-inflammatoires pour les pathologies humaines où l'inflammation et le stress jouent un rôle important dans leur étiologie et leur progression. À cet égard, la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson, les troubles neurodégénératifs les plus courants, sont caractérisés par des dommages oxydatifs (c’est-à-dire le stress provoquant des dégâts aux cellules de l’organisme) importants.

Dans ce contexte, la CBD, qui interagit avec le système endocannabinoïde (dont les récepteurs CB1 et CB2 sont présents partout dans l’organisme, et permettent de réguler ce dernier), pourrait être un bon candidat comme prototype pour le développement de médicaments antioxydants pour les principaux troubles neurodégénératifs.

La conclusion de leur étude a permis d’analyser le fait que le CBD pourrait agir sur différentes cibles moléculaires liées à la génération et la progression des maladies d’Alzheimer ou de Parkinson. En effet, leur revue décrit les preuves de l'efficacité thérapeutique du CBD chez les patients atteints de troubles neurodégénératifs et encourage la poursuite des recherches afin de mieux élucider les voies moléculaires impliquées dans le potentiel thérapeutique du CBD.

Ainsi, l’on peut envisager, et sous couvert de contrôle médical rigoureux, que le CBD via par exemple une prise d’huile en voie sublinguale, pourrait permettre d’atténuer les effets éprouvés lorsque l’organisme est touché par l’une de ces graves maladies.

En définitive, plusieurs études récentes ajoutent leur pierre à l’édifice constituant la recherche des potentiels bienfaits du CBD. Et toutes tendent à montrer que le CBD serait efficace pour combattre certains maux du quotidien (anxiété, stress, insomnie) causant parfois de plus graves maladies. Si le CBD est donc bel et bien capable de cela, l’on peut aisément penser qu’il puisse permettre de plus aisément se concentrer - comme l’expliquent d’ailleurs certain.e.s sportifs et sportives (prenant une dose d’huile de CBD avant de réaliser une séance de sport, afin d’être davantage concentré sur la réalisation des mouvements).

En ces temps de pandémie mondiale et de télétravail généralisé, lorsque cela est possible, les produits issus du CBD pourraient donc être un allié dans la quête de concentration.

Gardez bien à l’esprit que le CBD n’est pas un médicament en tant que tel. Des médicaments à base de CBD existent, et sont prescrits par des médecins et pris dans le cadre d’un suivi médical rigoureux.

Grand Amour,
Petit Coeur